Le départ ne tarde pas, puisqu’en novembre 1920, il part pour le Tibet. Le 22 juin 1921, il arrive à Bahang, poste situé à l'ouest de la Chine, à 2600 mètres d’altitude, avec 600 habitants dispersés dans un rayon de deux jours et demi de marche. L’isolement est total puisqu’il est à deux jours de marche du Père Goré – autre missionnaire -, et à trois semaines de son évêque. Le Père ne recevra que deux visites d’Européens en 25 ans ! Quand il reçoit le courrier il passe deux jours sans dormir à le lire.
Peu importe ! Ce Champagnerot hors du commun est plein de courage. Il en faut ! Il s'impose à tous par son ascendant physique – c’est une force de nature - intellectuel et moral, Il agrandit sa mission, crée des routes, construit des ponts (l’un de 58 mètres sur le Mékong). DE 1923 à 1941, le Père André fonde six nouveaux postes. Il est polyvalent, se transforme en agriculteur et jardinier, implante des graines venues de son pays.natal, des pruniers de Champagney. Il parvient encore à distiller de l'eau de vie, puis réussit - au prix d'une patience infinie - à produire son vin de messe ! Le Père André fut un défi permanent !
En 1935 il rentre au pays. Après un long séjour à Champagney, le Père André repart en février 1937. Il rejoint son poste de Bahang, puis il remplace un prêtre assassiné à Tsechung. En octobre 1940, il retourne à Bahang pour toute la durée de la guerre.
Avec l'arrivée au pouvoir de Mao-Tsé-Toung commence une période de persécutions. En 1949, les armées communistes arrivent à Bahang. Le nouveau régime effectue une mise en ordre de l’administration et fait, dans un premier temps, preuve de tolérance. Les autorité chinoises proclament même la liberté religieuses. Ce n’est là, que pure statégie car, très vite, on interdit aux missionnaires d’aider la population. Ils subissent des tracasseries administratives incessantes et l’accès des églises est interdit au peuple. Au mois de septembre 1951 il est interdit devendre de la nourriture et du
bois aux religieux, il est interdit de les regarder et de leur parler.
Cette même année, pour la première fois, on demande aux missionnaires de partir. Le Père André fait la sourde oreille. Même scénario au mois de novembre. Le 11 mai 1952, il reçoit une note : « Votre demande de quitter la Chine est acceptée sous quatre jours. » Il n’a évidemment rien demandé !
Le 16 mai, au grand
désespoir de ses fidèles, les soldats viennent le chercher. L’expulsion est brutale. Le Père ne peut emmener que son bréviaire. On le contraint à traverser toute la Chine : 4000 kilomètres, deux cols à franchir dans la neige, l’un de 4600 mètres d’altitude, l’autre de 4000m. L’expédition arrive à Hong‑Kong le 31 juillet 1952 ! C'est la « longue marche » du Père, un calvaire au cours duquel sa santé s’est considérablement dégradée. Il arrive à Paris le 20 octobre pour être aussitôt hospitalisé à l’hôpital Pasteur.